– LA BORDE : vient de l’occitan borda : bergerie. Ces terrains sont formés sur des terrasses anciennes d’aluvions faites de sable de gravier, de galets. Ce sont des terrains très perméables qui craignent la sècheresse où ne pousse que de l’herbe à mouton, les amandiers (et plus tard la vigne).
– GRAGNE PORCS : gronha-porcs : tènement humide entre Orb et Taurou,on peut penser que l’on y gardait les cochons ou que l’on y ramassait les herbes pour leur soupe.
– LOS FUMERASES : endroit où il y avait un tas de fumier ou une fosse à fumier.
(Lou tresor dou felibrge de Mistral Tome I page 116).
– LA FENASSE : du languedocien Fenassa : foin que l’on laisse grainer, mauvais foin. Tènement où vu la pauvreté du sol poussait du mauvais foin.
– LES CREMADES : Les brulées. Peut-être terres à blé dont le chaume était brulé après la moisson.
– SOUS-LES-HORTS : sous les jardins. Tènement sous les jardins d’Aspiran Ravanes. Terres d’aluvions de l’Orb riches, craignent les gelées. Terres à blé et à luzerne.
– LES BROUTADES : tènement en bordure de l’Orb où l’on amenait paître les animaux.
– LES CANELLES : en occitant Canel : roseau ordinaire. Tènement entre le pech du cimetière et le pech de Laval, aincien étang ou marécage, terre très riche à blé, luzerne.
Outre tous ces tènements, les bords de ruisseaux et les terres irrigables sont des jardins potagers ou fruitiers. Les terres sont plantées d’amandiers, de figuiers ou d’oliviers.
La culture de la vigne, autour de la Méditerranée est, semble-t-il antérieure à l’occupation romaine. A Thézan, au Moyen-Age et jusqu’au phyloxera, elle colonise les coteaux ensoleillés et pas forcément les terres les plus riches (qui sont réservées aux foins, luzerne, avoine, vesses pour nourrir le bétail ou blé et oliviers pour nourrir les hommes). C’est le cas notamment de LA VIGNASSE, les VIGNALS, LES VIGNOTS, LES MUSCADELS tènement planté de muscat.
La vigne est dans l’antiquité et au Moyen-Age une culture essentielle car le vin sert à désinfecter l’eau très souvent source de maladie et d’épidémie pendant les périodes de sècheresse.
Avant la découverte et l’utilisation de l’hydride sulfureux comme conservateur, les vins ne sont consommables que des vendanges au mois d’avril-mai. A moins d’avoir les moyens de la Reine d’Egypte, Cléopâtre, il était possible de désacidifier le vin avant de le boire en y ajoutant des perles.
C’est pour cette raison que le Languedoc était réputé au XVIIIème et début XIXème siècle pour sa fine (alcool obtenu par distillation) et ses vins doux qui se conservaient et pouvaient donc voyager même plusieurs mois en barriques, tonneaux et autres pièces de bois.
Au XIXème siècle, le biterrois a été épargné par le phyloxéra. Le vin se vendant à prix d’or, la vigne a envahi toutes les parcelles disponibles, même les terres à blé ou à luzerne : il était plus économique d’acheter la nourriture des hommes et des animaux que de la produire.
Avec l’arrivée du « chemin de fer » le vin connaît un nouvel essort. D’une part, il voyage plus vite et peut atteindre les grandes villes où il est consommé et d’autre part, il est l’essentiel de la nourriture des travailleurs de force donc des mineurs qui extraient le charbon indispensable au fonctionnement des locomotives. Pour produire une telle quantité de vin les viticulteurs s’organisent, en 1901 Jean Jaurès inaugure la première cave coopérative à Maraussan..
En 1904, les ouvriers agricoles du Biterrois se mettent en grève. Cette grève est peu ou pas suivie à Thézan. En revanche en 1912 Thézan et Quarante connaîtront une grève longue et dure.
Pour expliquer cette grève, il faut se remémorer les conditions de vie des ouvriers agricoles à cette époque. En haut de l’échelle sociale, il y avait le Propriétaire et directement sous son autorité le Régisseur ou Maître d’affaire qui organisait le travail et avait donc sous son autorité le Ramonet qui avait la responsabilité des chevaux. Venaient ensuite les laboureurs qui étaient employés à l’année et enfin les journaliers qui étaient employés à la journée. Le matin, les journaliers « allaient à l’embauche » sur le bassin où les régisseurs venaient choisir la main-d’œuvre nécessaire aux travaux de la journée.
Au moment des vendanges et de la taille, les journaliers sont embauchés pour toute la saison que durent les travaux. En janvier 1912, en pleine saison de taille, les ouvriers agricoles de Thézan réunis au Café de la Pipe décident de se mettre en grève. Ils réclament deux litres de vin par jour, une majoration de salaire de 50 centimes et que les journaliers soient embauchés à l’année.
Devant cette pénurie de main-d’œuvre certains « propriétaires » embauchent des tailleurs en dehors de Thézan, et devant la détermination des grévistes, les font encadrer par l’armée pour assurer leur sécurité. Les hussard investissent Thézan et le Café de la Pipe. La grève se durcit encore.
Dans la nuit du 12 au 13 avril 1912, des grévistes saccagent les vignes de certains propriétaires : 23 000 pieds de vigne sont taillés à blanc, piétinés, brisés. Cette action divise les grévistes, certains ne comprennent pas la destruction de leur outil de travail. Les gendarmes arrêtent les meneurs. Des grévistes ne trouvent plus d’embauche.
Le Maire Pierre DELCELLIER joue les conciliateurs avec succès. Les ouvriers obtiennent l’embauche à l’année, une réduction d’horaires, une majoration de salaire et deux litres de vin par jour pour les « journaliers » et trois litres pour les laboureurs.
Cette grève a duré 112 jours et laisse encore aujourd’hui des plaies pas tout à fait cicatrisées. Les grévistes avaient composé une chanson sur l’air de l’Internationale qui commençait ainsi : « Propriétaires réfractaires, vous êtes mal habitués, vous avez exploité nos pères, avec ses fils il faut compter… ». cette grève de 1912 lance le début des grandes manifestations, l’organisation syndicale des vignerons et l’organisation moralisée du marché.